L'obscur, objet de désir. Soulages.

Publié le par LANSAC

Gouache 74,5x54. 1973.

Gouache 74,5x54. 1973.

" Au commencement, il y avait Conques ". Ainsi pourrait-on tenter de dire la Genèse du travail de Soulages.

Cette abbatiale romane du XII ème siècle a fasciné le jeune Pierre Soulages ( 24/12/1919 ). Située à 37 kms de Rodez, sa ville natale, elle sera l'objet de ses soins quand, devenu artiste peintre, on lui passa commande des vitraux de cette abbaye. On voit sur les deux photos ci-dessous l'enrichissement qu'apportent les vitraux à l'architecture romane de l'abbaye. Au prix d'un long travail de recherche, il parvint à mettre au point un verre spécial, fabriqué sur sa commande par des ateliers de verrerie.
Et les vitraux changent tout : en verre translucide, ils permettent de capter la lumière et de préserver l'intimité de l'abbaye. Cette saga verrière est minutieusement racontée dans la première salle de l'exposition du Musée Soulages. Sis à Rodez, non loin de la cathédrale gothique sur le haut de la ville, à l'emplacement de la place du Foirail. Dans son écrin en acier Corten couleur brou de noix conçu par les architectes du cabinet catalan RCR.

Salle Conques.

Cette salle, pivot de l'exposition, donne à voir les cartons des dessins de vitraux, grandeur nature. Les deux murs d'une salle nef les donnent à voir ; une vitrine exposition revient sur le patient travail du verre et sa mise au point comme voulue par Soulages.Translucide, il laisse pénétrer une lumière qui varie en fonction de la lumière du soleil éclairant l'abbaye. Les vitraux sont parcourus de lignes courbes contrepoint à la rigueur horizontale et verticale de l'architecture romane. Grande variété de courbures. Absence de cintre en métal pour tenir les vitraux, ils sont maintenus en place par des barres de fer horizontales. Un film très didactique explique la genèse artisanale de ces vitraux.

Nota bene :

Pour voir toutes les photos, si le diaporama ne fonctionne pas spontanément, cliquez sur la photo et cliquez ensuite sur les onglets. Il semble qu'une modification de fonctionnement a été introduite.

Abbatiale Ste Foy les Conques. Vitraux de Soulages en 1.
Abbatiale Ste Foy les Conques. Vitraux de Soulages en 1.

Abbatiale Ste Foy les Conques. Vitraux de Soulages en 1.

Vitraux pour Conques.
Vitraux pour Conques.

Vitraux pour Conques.

Brous de noix.

Soulages a utilisé ce colorant pour meubles. Au début, pour expérimenter puis pour introduire un autre media. Les résultats l'ont satisfait. Une petite salle expose les toiles peintes au brou de noix.

 

Gravures : lithographies, eaux - fortes, sérigraphies.

C'est un aspect moins connu de son travail. Les différents travaux sont exposées dans une piéce faiblement éclairée pour ne pas endommager les estampes. C'est la partie la plus artisanale de son travail. Il a innové en récupérant le support de cuivre destiné à recevoir la morsure de l'acide qui creuse la partie gravée : il a prolongé l'immersion et a obtenu des plaques corrodées  elles même devenues objets d'art. Les creux ont reçu plus d'encre permettant des noirs plus sombres .Une  photo montre une eau - forte dont le bloc gravé est présenté comme oeuvre à part entière, aprés corrosion prolongée à  l'acide. 

 

Brou de noix. Gravures. Eau forte XIII 1953.
Brou de noix. Gravures. Eau forte XIII 1953.
Brou de noix. Gravures. Eau forte XIII 1953.
Brou de noix. Gravures. Eau forte XIII 1953.
Brou de noix. Gravures. Eau forte XIII 1953.
Brou de noix. Gravures. Eau forte XIII 1953.

Brou de noix. Gravures. Eau forte XIII 1953.

 

Les outrenoirs .

Prenons par exemple le tableau ( sans nom comme toujours chez le peintre ) intitulé 300X235. 2000. Partagé en son milieu, acrylique pour la partie droite, des bandes paralléles s'effilochent en reserves de blanc qui se poursuivant par la partie gauche d'un strict outrenoir : on passe de grands aplats noirs à des stries qui sont dans la prolongation des bandes de la partie droite. Cette division apparait en regardant attentivement comme une prolongation par le jeu de l'artiste. Ce jeu de media différents est vu dans une parfaite cohérence.

 

Peinture 300x235 9 juillet 2000. Autre outrenoir.
Peinture 300x235 9 juillet 2000. Autre outrenoir.

Peinture 300x235 9 juillet 2000. Autre outrenoir.

Polyptyques.
Le tableau est composé de plusieurs parties solidarisées à l'arrière  de façon non visible en le regardant. Les stries en diagonale donnent une grande lumiére par la construction du tableau. La perception du tableau montré ici est imparfaite car les oeuvres de Soulages se prêtent mal  à la photographie. 

 

 

L'oeuvre au noir.

La peinture de Soulages semble venir d'un  temps autre, elle n'a pas de connotation temporelle. C'est un chant de la couleur, un hymne à la matière. Le spectateur reçoit le tableau que lui offre le peintre en pleine liberté, sans aucun sens implicite pour sa lecture. Il ressent l'effet que produit la toile sur lui. Cela rend vaine toute tentative d'explicitation. Le noir retrouve sa pleine liberté d'expression, le noir est une couleur même si en théorie un corps noir est dit absorber la totalité du faisceau lumineux qu'il reçoit. Regardons ces oeuvres, nous percevons les infinies vibrations, les multiples harmoniques qu'elles contiennent. Elles apparaissent, immémoriales, fruits d'un art pariétal, comme ces aurochs des grottes de Lascaux, éveillant en nous un désir d'obscur. Au sens de profondeur, de plénitude. 

 

Visite du Musée le 20 février 2015.

Polyptyque et détail. Au milieu : peinture 326 / 362. 1986.
Polyptyque et détail. Au milieu : peinture 326 / 362. 1986.
Polyptyque et détail. Au milieu : peinture 326 / 362. 1986.

Polyptyque et détail. Au milieu : peinture 326 / 362. 1986.

Pierre Soulages.

Pierre Soulages.

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