Naufragés involontaires.

Publié le par LANSAC

Naufragés.
Naufragés.

Naufragés.

Pour Alain Bombard °.

Géricault se lança dans son opus maximum sous le coup de l'indignation. Elle fût vertueuse, on lui doit son chef d'oeuvre.
Qu'est ce à dire?

Le naufrage de la goélette " La Méduse " en 1816 fit grand bruit et déclencha, si l'on peut dire, une vague d'indignation. En effet, une centaine d'hommes furent sacrifiés pour permettre au bateau échoué sur un récif de continuer sa route vers l'Afrique, avec sa cargaison d'hommes et de femmes chargés de coloniser le Sénégal. Les charpentiers construisirent en mer l'invraisemblable radeau, insubmersible mais la navigation était garantie pieds dans l'eau.
Les malheureux livrés aux flots déchainés s'entretuérent rapidement et finirent par se livrer à des actes de cannibalisme. La poignée de survivants, armée de son seul courage, essaya d'avertir un brick parti à leur recherche. C'est la scène décrite par Géricault.

Ce tableau lui prit plus d'une année ; il fit des études préliminaires sur des mourants à l'hôpital général pour rendre le caractère morbide de cette aventure tragique. L'homme noir, sans doute un africain, déploie toute son énergie pour alerter le bateau qu'on distingue dans le lointain.
La construction du tableau en pyramides et suivant une grande diagonale explique le dynamisme de cette scène sinistre. Les études sur les couleurs furent longues et leur utilisation très expressionniste exprime le caractère tragique de l' épisode.

Le peintre retrouve l'énergie créatrice d'un Delacroix dans ses scènes comme "Les pestiférés de Jaffa " qui décrivait les horreurs de la guerre menée par Bonaparte au Moyen - Orient. On est loin du néo - classicisme, d'un Ingres par exemple, qui se complaisait à peindre des harems et leurs belles odalisques de rêve, de ses rêves sans doute. Géricault ouvre la voie par cette peinture sans complaisance d'un " fait divers ", Courbet et l'école réaliste s'en souviendront.

Ce courage pictural lui vaudra la re/connaissance du public qui défila pour voir l'oeuvre. Son tableau avait été refusé par les conformistes de l'Académie. Sa réputation sera faite.

On attend le Géricault qui peindra les naufragés qui arrivent quotidiennement au péril de leur vie au large des ports méditérannéens, italiens tout particulièrement par effet de géographie.

Car ces naufragés là, eux aussi, sont involontaires.

___________°Auteur du " Naufragé volontaire ". 1953.

Le radeau de la Méduse. 1818 /1819.Théodore Géricault.

Le radeau de la Méduse. 1818 /1819.Théodore Géricault.

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