Tremplin pour Innsbruck.

Publié le par LANSAC

Le Toît d'or.
Le Toît d'or.

Elle est toujours là. Où que se porte le regard, elle est là, majestueuse, kaléidoscope des humeurs du temps, au fil de la journée. Je parle de la montagne et, en son écrin de pierres brutes, la ville d'Innsbruck. A la fraîcheur du tôt matin succède le tourbillon du foehn, ce vent du sud, fantasque, son cortège de douceur, quelques feuilles détachées des bouleaux volettent, les peupliers en bordure de la rivière Inn, toute frémissante de ce parfum d'eau torrentueuse aux reflets turquoises....

La mémoire a des couleurs d'or blanc et de jeux Olympiques ; ses skieurs intrépides se jetant du haut du sommet du tremplin de Bergisel en quête de quelques secondes éternelles, homme oiseau à l'assaut du ciel dont l'atterrissage sur la neige quelques mètres plus bas soulève l'émotion du public.

Une promenade en un jour d'octobre en son centre vous plonge dans le Moyen-Age avec ses demeures dressées le long de rues étroites. Un attroupement signale la présence du logis au " Toit d'or " que l'empereur Maximilien I fit édifier pour voir au loin, et être vu. La richesse de sa façade éblouit quand les rayons d'un après-midi finissant en éclaire les enluminures... En face, sur la petite place envahie d'une cohorte bruissant de crépitements de flash photographiques, la Hölblinghaus et ses façades sur l'angle d'une rue. Le baroque tardif s'y attarde et son propriétaire a cédé au charme vénéneux du rococo, distinction architecturale ...

Hölblinghaus.

Hölblinghaus.

 

Laissons nous installer dans le charmant café donnant sur le Toit d'Or, Katzung,  qui donne les plus délicieux gâteaux du monde à déguster en ce jour d'octobre et ses 23°, foehn oblige. Une petite infusion de plantes aromatiques du Tyrol vous transporte dans la fraîcheur des montagnes des environs, ses vaches paissant une herbe grasse, à l'ombre des meules du foin fraîchement coupé en un regain tardif.

La foule bigarrée se glisse dans les ruelles où l'eau s'écoule en son milieu le matin venu aprés la toilette municipale. Les échoppes tendent leurs chaussures doublées de mouton ou du chapeau en loden résistant à la pluie que vous pouvez plier dans votre sac, ils sont indéformables...  

Je me glisse dans une petite rue et me retrouve devant la cathédrale Saint Jacques, édifice baroque dont les tours en façade s'élévent vers le ciel bleu. Entrons un peu : la richesse de son aménagement intérieur éblouit le regard : chaire aux anges dorés joufflus, montant en spirale vers le lieu du prêche. La maître-autel frappe par ses dorures et  le trésor qu'il renferme : un tableau enchassé de Lucas Cranach, une Vierge du Bon Secours ( Mariahilfer ). Les pélerins de Compostelle ont dû régaler leurs yeux de ce tableau du XVIème siècle qui à l'origine ornait une cathédrale de Dresde, fût échangé par des membres de la cour avant de se trouver à Innsbruck. 

L'empereur Maximilien III repose dans un mausolée à baldaquin dans le transept gauche de l'église. Son prédécesseur Maximilien I s'est fait bâtir un monumental tombeau dans la Hofkirche, l'église impériale. Il n'y fût pas déposé à sa demande et repose dans la ville de Wiener Neustadt, à quelques kms de Vienne.

 

 

Chaire de l'église Saint Jacques. Maître-autel. Lucas Cranach l'ancien : Vierge du Bon Secours.1517.
Chaire de l'église Saint Jacques. Maître-autel. Lucas Cranach l'ancien : Vierge du Bon Secours.1517.
Chaire de l'église Saint Jacques. Maître-autel. Lucas Cranach l'ancien : Vierge du Bon Secours.1517.

Chaire de l'église Saint Jacques. Maître-autel. Lucas Cranach l'ancien : Vierge du Bon Secours.1517.

 

Il y a un Musée à voir en urgence quand on visite la ville , le Musée d'Art populaire le Volkskunstmuseum. Vous allez pénétrer au coeur du quotidien des paysans et artisans du Tyrol, des intérieurs ont été minutieusement reconstitués. Sur deux niveaux, les outils du quotidien des campagnes, du collier porte- cloche en bois finement travaillé qui ornait le cou des moutons et des vaches aux métiers à tisser et le produit fini, étoffes colorées et trés belles qui feraient encore le bonheur de beaucoup. C'est remarquablement exposé dans un agencement minutieux. Seul défaut, le commentaire des multiples pièces n'est pas trés accessible. Il est bilingue toutefois. Chaque piéce de collection étonne et émerveille. Il ne faut pas compter son temps et prendre deux à trois heures pour le visiter.

Volkskunstmuseum. Cuisine de campagne à la renaissance dans le Sud Tyrol. Innsbruck.

Volkskunstmuseum. Cuisine de campagne à la renaissance dans le Sud Tyrol. Innsbruck.

 

La nuit tombée il fait bon aller marcher sur les rives de l'Inn, ce long cours d'eau né dans les Alpes vers St Moritz en Suisse qui va se jetter dans le Danube à Passau. Ses eaux encore tumultueuses sont puissantes en automne.  Le centre historique offre de nombreux restaurants pour reprendre des forces. Je peux  conseiller le Weisses Rossl ( Le petit cheval blanc ) :  sa splendide terrasse intérieure est couvrable en été. En ce jour d'octobre, la lumiére était délicieuse et le foehn venait doucir l'air, rendant le repas extrémement agréable.

 

La ville et la région offre aux sportifs un cadre de rêve dés les premières neiges tombées. Un deltaplane voltigeait dans les ascendants ce jour-là et le regard se portait vers les sommets que l'alpiniste peut tutoyer à merci. La ville offre au corps et à l'esprit tout ce qu'il désire. Que demander de plus.
 

Weisses Kreuz. 1445. Centre ville Innsbruck.

Weisses Kreuz. 1445. Centre ville Innsbruck.

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