Un dimanche au Bevédère. Vienne.
Les pièges du Musée.
Une visite au Musée du Bevédère de Vienne. Un dimanche d'août en pleine afffluence (les trois " F " sont indispensables : fortissimo ). Il faut se faufiler entre des cohortes de visiteurs soucieux de selfies, que des tableaux réputés vont mettre en valeur. Foule bruyante, envahissante, Klimt et Schiele n'en sont pas revenus. Impossible de se concentrer sur la peinture dans cette salle. Interdire les appareils photos et les self portraits ?
Au premier étage, suite de l'exposition permanente de Klimt, un viennois attire mon attention Koloman Moser : autoportrait / selbstbildnis . Ce dessinateur et architecte décorateur savait peindre ce regard intense, un regard un peu halluciné...
Mais une réminiscence me taraude. Ce tableau de Klimt vu dans une des premières salles du premier étage qui abrite les plus beaux Klimt que possède le musée, ancienne résidence d'été du Prince Eugène de Savoie. Ce prince a eu son petit Versailles en remerciement des services rendus à l'empire autrichien pendant le siège de Vienne de 1683...
La dame au chapeau avec boa.
Son visage se montre entre un beau chapeau dont les volûtes des traits du pinceau imitent le pastel. Ce regard si mystérieux, un peu rêveur sous les pomettes rehaussées d'orangé. Il semble replié sur lui-même ; le chapeau incliné vers le côté droit accentue le côté rêveur du personnage, les yeux mi-clos... on peut imaginer que cette belle Dame a des pensées érotiques matérialisées par les dessins sous son chapeau, bien abrités, bien cachés..
Toute la sensualité du peintre et son goût des couleurs chaudes sont dans ce clair-obscur mystérieux.
Beaucoup de tableaux de genre, historique ou de maîtres de l'art officiel du néoclassicisme viennois, fin de siécle. Toujours des commandes, Makart le décorateur d'intérieur des palais du Ring nouvellement percé par les architectes viennois sur le modéle du fascinant Hausmann et son Paris rénové, ouvert par des boulevards qui abriteront les Grands Magasins de la Belle Epoque...
Giovanni Giulani , le mysticisme de l'ére baroque.
Trois sculptures des évangélistes Jean, Marc et Pierre occupent le centre d'une piéce proche d'un angle du Palais. Leur auteur, sculpteur né et formé à Venise était chargé de la décoration du Palais du Belvédére, lui le sculpteur de talent de l'ére du Baroque tardif. Il scultptera ces figures des évangélistes de façon saississante. Ce sont des commandes de l'Ordre des Chevaliers Teutoniques qui seront vendues au Belvédère, sorties du Musée de l'ordre des chevaliers.
Le pathos des évangélistes éclaire cette grande salle. Ils datent de 1720. Précision importante, ils sont réalisés en bois de tilleul, bois tendre à sculpter et au toucher tendre.
Pour des raisons financières Giuliani entrera au service de la belle abbaye d'Heiligenkreuz au sud de Vienne. Il assurera la totalité de l'ornementation religieuse du lieu. Notamment la grande colonne / Säule qui orne l'entrée de l'édifice.
Giovanni Giuliani. Evangélistes.
La dame à la fourrure de Manet.
On monte au deuxième étage, la classification des tableaux est plus précise. Dans la salle des impressionistes, aux côtés de Monet, un beau Jardins de Giverny et un amusant chef cuisinier en toque et habit blanc. L'oeil est attiré par une dame dite " en fourrure " d'Edouard Manet. Derrière le sage arrière-plan peint façon impressioniste on découvre une belle femme dont la fourrure trés enveloppante montre un sein gauche à peine tenu par un chemisier blanc. La dame a un regard noble et franc. La partie gauche du visage dénote une gaîté que la partie droite contredit. C'est le portrait de Madame Guillemet, qui posa souvent pour Manet ( notamment dans le tableau intitulé " Dans la serre ".
Atmosphére d'un érotisme secret, il nous invite à penser au célébre roman éponyme de Sader Masoch " La Vénus à la fourrure " . Nul doute que l'iconoclaste Manet n' y ait pensé. On pense aussi à Vinci dont " La dame à l'hermine " contient une allusion à la peau de l'animal si recherché par les fourreurs et les femmes élégantes. La connotation fourrure / érotisme, grand théme de la peinture.
Dame à la fourrure. Manet. Madame Guillemet.1880.
Une visite en forme de recherche de la perle.
Beaucoup de belles surprises dans le panorama de peintres aurichiens dont certains présentent des ressources à approfondir.
La visite d'un Musée est une auberge espagnole : on se délecte des oeuvres que l'on a plaisir à retrouver et surtout, pour un esprit curieux, elle est une mine secréte de découvertes qui ravissent l'esprit du visiteur.
Il faut voir le Belvédère : le chateau donne vue sur Vienne, ses jardins charmants et son Musée étonnant.
La danseuse / die Tanzerin Gustav Klimt. 1916 /1918. Allée à Giverny. / Gartenweg. Monet. 1902. Klimt. Schloss Kammer am Attersee. 1910