Sahara.

Publié le par LANSAC

Sahara vers Béchar.
Sahara vers Béchar.

31 janvier 19..

Il s'avança dans le matin froid ; pas loin de zéro, la température de janvier est fraîche ; le froid avait traversé le duvet posé à même le sol. J'ouvris les yeux sur le sourire cordial de l'homme qui approchait, presque timidement : il me tendit une tasse d'un thé à la menthe brûlant, un vrai cadeau dans ce désert saharien en ce matin de janvier. Les sourires fusèrent, monnaie d'échange en ce pays algérien dont je ne parlais pas la langue. Mes compagnons de route s'éveillaient doucement, venant se joindre à ce petit déjeuner improvisé. Mon ami C. dit quelques mots de remerciement en arabe. Lui, l'enfant du pays perdu, remontait à la source de sa mémoire. L'exil n'avait pas altéré les souvenirs brûlants comme les étés à Alger qui se pressaient en désordre, cet accueil cordial le faisait frissonner.

Nous avions débarqué d' Oran la veille : en cette région de Bechar, nous étions encore loin de notre, première halte. Les kilomètres de piste sous le soleil très chaud de l'hiver. Au loin, les dunes de sable nous éblouissaient de leur ocre ... le sable toujours le sable recommencé, le sablier du temps en merveille éblouissante sous le soleil. Après des heures de piste, les premières taches vertes apparurent : la palmeraie de Béni Abbés.

C. dit :---------- Je crois que ce sera parfait pour notre réveillon. J'ai quelques bonnes bouteilles dans la voiture. Et du champagne bien sûr.

Le soir, notre groupe de quatre, autour d'un feu improvisé ; nous trinquâmes à la nouvelle année qui allait éclater, ici en plein désert du Sahara sous un ciel étoilé, dans la fraîcheur de la nuit qui commençait. Le repas fût frugal mais jamais bananes ou oranges ne furent si douces à manger.

La nuit fraîche incita F. à dormir dans la voiture, une Renault 4L dont la capote ouverte dans la journée en faisait la plus agréable des voitures.

Le matin bleu pur, les dunes miroitent autour de l'oasis. Il faut partir, quelques 350kms d'une piste inégale nous attendent. Les deux 4L démarrent, direction Timimoun. Du vent de sable nous ralentira beaucoup, nous atteignons Timimoun en milieu d'après midi. Le choc : ville aux murs en terre rouge , très animée, hommes en djellaba et en boubou. Ambiance de ville en plein miieu du Sahara. Ville étape, d'échange avec son grand marché et ses colonnes de camoins de marchandises crachant des fumées suffocantes.

Un homme jeune nous aborda dans une rue du centre, nous invita à visiter sa maison au milieu de la ville. Il nous fit déjeuner avec sa famille, un couscous convivial nous régala, cela changeait de l'ordinaire de nos provisions. Il nous vendit un beau tapis qui nous sera volé dans la voiture à Alger.

Beni Abbes. Algérie.
Beni Abbes. Algérie.

Beni Abbes. Algérie.

Timimoun.

Timimoun.

 

Le lendemain, aprés une nuit passé dans le confort d'un lit nous prîmes la direction d'El Menia ( El Golea ). Les pistes indiquent bien les grands axes, alors un peu fréquentés, il est pourtant facile de se perdre si on n'a pas la sagesse d'attendre la fin des petites tempêts de sable qu'il faut parfois affronter. Jamais de panique, C. , aventurier dans l'âme avait un sens trés sûr de l'orientation et nous évita bien des kilométres inutiles. Nous avions des cartes et une boussole, le GPS était alors encore confidentiel.

Il faut continuer, malgré quelques ensablements occasionnels : les enfants de hameaux traaversés prenaient parfois plaisir à appuyer sur une voiture en difficulté, c'est plus amusant que de pousser ;  et puis, dans cette immensité balayée par des vents assez violents, on ne voit pas une voiture passer tous les jours.

L'étape de Ghardaia fut une des plus émouvantes : toutes ces maisons blanches,  certaines recouvertes  de tapis colorés, constituant une fantasia visuelle encore présente à la mémoire aprés des années. La vivacité du village, capitale du Mzab et ses habitants les mozabites, la plupart portent des lunettes aux verres trés épais de myope. Les voitures se chargérent de tapis aprés de vifs marchandages. Quelques uns ont échappé à l'effraction de nos voitures dans les faubourgs d'Alger. 

 

Sahara vers El Menia ( El Golea ).

Sahara vers El Menia ( El Golea ).

Ghardaia.

Ghardaia.

 

 

Un soleil vif accompagna notre dernière étape, le retour vers Alger. L'éblouissement des faubourgs, le bruit si vif des conversations, l'animation intense de la ville nous firent oublier quelque temps qu'il fallait partir le endemain. Embarquer les voitures sur le ferry, destination Marseille, les embruns sur le pont du bateau, les larmes d'émotion de C. , notre éblouissement devant le port d'Alger qui se dérobait peu à peu à nos regards, déjà beaucoup de nostalgie. 

 

Bien des années aprés, ce petit raid algérien se présente à nos mémoires comme un voyage intiatique de notre jeunesse. 

 

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 PS

Nous avons souvent eu envie de renouveller cette expédition amicale qui nous a tant marqués. Aprés une période calme qui a suivi l'indépendance de l'Algérie, la violence des années 1990 et le conflit Sahélien depuis les années 2000 ont rendu impossible tout déplacement dans la zone.

Carte d''Algérie. Port d'Alger.
Carte d''Algérie. Port d'Alger.

Carte d''Algérie. Port d'Alger.

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